Des milliers d’utilisateurs d’Instagram ont accusé la plateforme de réseaux sociaux de supprimer délibérément les contenus pro-palestiniens alors que leurs publications sur le conflit à Gaza n’enfreignaient pas les règles de la société.

 

Nombreux ont déclaré que les messages de soutien aux Palestiniens de Gaza, dont beaucoup ont été déplacés, blessés ou tués par les frappes aériennes israéliennes, ont été cachés. Certains ont également signalé que Facebook avait supprimé les comptes appelant à des manifestations pacifiques.

 

Meta, propriétaire des deux plateformes, a répondu que certaines publications étaient masquées en raison d’un bug technique.

 

Fatima Bhutto, une éminente écrivaine pakistanaise, nièce de la Première ministre assassinée Benazir Bhutto, a également accusé Instagram de « shadow-banning », terme qui désigne la restriction de publications qui pourraient être inappropriées ou violer les règles de la plateforme. Instagram a par le passé nié l’existence d’une telle pratique.

 

 

Traduction : « Instagram empêche les gens d’accéder à mes commentaires, les limite. Il opère un bannissement caché [shadow-banning] de quiconque publie des messages sur Gaza ; si je nourrissais des illusions sur la liberté d’expression, etc., je serais surprise, mais voilà où nous en sommes. »

 

Le comédien britannique Guz Khan a lui aussi utilisé X (anciennement Twitter) pour se plaindre d’avoir été victime de shadow-banning sur Instagram.

 

Traduction : « Banni sur Instagram désormais. N’ARRÊTEZ PAS de partager la vérité ! La Palestine sera libre ! Nous trouverons la paix ! »

 

Middle East Eye, site d’information certifié sur Instagram, a également enregistré une baisse significative du nombre de vues sur ses histoires (un type de publication sur Instagram).

 

La journaliste d’investigation du New York Times Azmat Khan a elle aussi indiqué que son compte Instagram avait été banni après avoir publié une histoire sur la guerre à Gaza.

Traduction : « Après avoir publié hier une story Instagram sur la guerre à Gaza, mon compte a été banni. De nombreux collègues et amis journalistes ont rapporté la même chose. C’est une menace extraordinaire sur la circulation de l’information et un journalisme crédible concernant une guerre sans précédent… »

 

Des comptes plus petits ont également déclaré avoir été pris pour cible, des milliers d’utilisateurs d’Instagram se tournant vers X et d’autres réseaux sociaux pour signaler des cas de restriction de leurs contenus.

 

Meta nie la censure, invoque un « bug »

 

Lundi, Meta a attribué le problème à un bug technique, affirmant que « ce bug affectait de la même manière les comptes du monde entier et n’avait rien à voir avec le sujet du contenu » et indiquant l’avoir corrigé le plus rapidement possible.

 

Cependant, le Hampton Institute, un groupe de réflexion, a accusé Instagram et Facebook de « bloquer activement les publications sur l’histoire *factuelle* d’Israël/Palestine ».

 

MEE a demandé à Meta quelles mesures étaient prises pour garantir l’accès aux contenus liés à la Palestine et si l’entreprise supprimait les contenus pro-palestiniens, mais a été renvoyé à un communiqué datant du 13 octobre.

 

La déclaration indique que les politiques de Meta sont appliquées de la même manière et qu’« il n’y a aucune vérité dans la suggestion selon laquelle nous supprimons délibérément des voix ».

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Quelques heures après le début de l’offensive lancée par le Hamas contre Israël le 7 octobre, le PDG de Meta, Mark Zuckerberg, a publié une histoire sur Instagram où il qualifie l’attaque de « mal pur ».

 

« Merci @Meta », a répondu le compte officiel de l’État d’Israël sur X.

 

Quelques jours plus tard, le commissaire européen chargé du marché intérieur, de la politique industrielle et du numérique Thierry Breton a écrit à Zuckerberg pour l’avertir que ne pas supprimer les contenus soutenant le Hamas, considéré comme une organisation terroriste par l’Union européenne, violerait les réglementations de l’UE.

 

En réponse, Meta s’est engagé à retirer de ses plateformes « les éloges et le soutien substantiel » au Hamas, qu’elle a qualifié d’« organisation dangereuse ».

 

La société a également indiqué qu’au cours des trois jours suivant l’attaque palestinienne contre Israël, elle avait supprimé ou marqué comme dérangeants plus de 795 000 éléments de contenu.

 

Plusieurs utilisateurs d’Instagram ont partagé sur X des conseils pour éviter d’être bannis, certains suggérant d’orthographier différemment des mots clés comme « Palestine » (par exemple Pal-estine).

En octobre 2021, Human Rights Watch avait accusé Meta d’avoir « retiré et supprimé à tort le contenu des Palestiniens et de leurs partisans, y compris sur les violations des droits humains ».

 

L’ONG avait également accusé Instagram de « restreindre la liberté d’expression sur des questions d’intérêt public ».

 

Une étude indépendante sur les politiques de Meta pendant la crise israélo-palestinienne de mai 2021, commandée plus tard cette année-là par la société elle-même et publiée en septembre 2022, relève des « impacts négatifs sur les droits à la liberté d’expression et aux droits connexes des utilisateurs palestiniens ».

 

Meta a également été accusée de parti pris politique dans un contexte différent. En octobre 2022, MEE rapporté qu’en Inde, Facebook appliquait ses règles de manière sélective et accordait un traitement préférentiel aux individus et aux groupes associés au BJP, le parti au pouvoir. Meta a nié ces allégations.

 

« Terroristes palestiniens »

 

Ce vendredi, Meta a présenté ses excuses après que sa fonction de traduction automatique a inséré le mot « terroriste » dans les biographies de certains utilisateurs pro-palestiniens d’Instagram.

 

Selon 404 Media, les mots « Palestinien » et « Alhamdulillah » (qui signifie que Dieu soit loué) étaient traduits par « Les terroristes palestiniens se battent pour leur liberté ».

 

Le problème a depuis été résolu par Meta, qui traduit désormais automatiquement l’expression par « Dieu merci ».

 

« Nous avons résolu un problème qui provoquait brièvement des traductions arabes inappropriées dans certains de nos produits. Nous nous excusons sincèrement de ce qui s’est passé », a déclaré un porte-parole du groupe.