Milicien proche d’Al-Assad reçu à Paris : “Il a ordonné de jeter des étudiantes par la fenêtre”

Le 31 août 2023, Omar al-Aroub a partagé une photo sur Facebook le montrant devant la Tour Eiffel. Cet homme est un proche de la famille Assad. Il est commandant adjoint de la milice prorégime des Brigades du Baas, créée en 2012, mais aussi chef du Comité national paralympique syrien. Or, du 24 au 29 août 2023 se tenait à Paris le séminaire des chefs de mission des comités nationaux paralympiques (CNP).

Le site officiel des JO confirme que la Syrie dispose d’une délégation qui la représente lors de l’événement mondial, prévu à Paris en juillet-août 2024.

Interrogé par TF1 info, Paris-2024 a confirmé la présence d’Omar al-Aroub à cette réunion parisienne et assuré “découvrir les allégations relayées à son encontre”.

 

Les “Brigades du Baas”, la branche militaire du parti Baas

 

Stupéfaits de le voir en balade à Paris, une poignée de médias et d’opposants syriens exilés en Europe ont fait circuler sur les réseaux sociaux des photos d’Al-Aroub le montrant en uniforme militaire, arborant l’écusson des Bridages du Baas. Aucune de ces photos n’a été partagée sur les comptes d’Omar al-Aroub.

La rédaction des Observateurs de France 24 a pu retrouver les images d’origine, publiées en 2018 sur Facebook par des combattants des Brigades du Baas eux-mêmes. On y voit Omar al-Aroub en tenue militaire arborant le logo des Brigades.

 

 

L’homme est aussi un proche de Bachar al-Assad. Outre les clichés du président du régime syrien que publie Omar al-Aroub sur son compte Facebook, une photo officielle prise en 2019 les montre même côte à côte.

 

 

Les “Brigades du Baas”, c’est une milice paramilitaire syrienne constituée dans la foulée des premières manifestations antirégime en 2011. Composées de musulmans sunnites, elles sont considérées comme la branche armée du parti Baas, le parti des Assad. Principalement présentes dans la région d’Alep, elles comptent près de 10 000 combattants.

 

Ces brigades sont dirigées d’abord par Hilal al-Hilal (2012-2015) et puis par Ammar Saati (depuis 2015), deux poids lourds du parti unique au pouvoir Bass, tous deux placés sous le coup de sanctions européennes et américaines. Omar al-Aroub, lui, ne figure dans aucune liste de sanctions.

 

Al-Aroub n’en est d’ailleurs pas à ses premiers Jeux olympiques puisqu’il avait représenté la Syrie aux JO de Tokyo en 2021.

 

“A l’université d’Alep, il a ordonné que les étudiantes soient jetées depuis le quatrième étage”

 

Le Centre syrien pour les médias et la liberté d’expression, une ONG syrienne de défense de la liberté de la presse basée à Paris, a recueilli des témoignages d’anciens proches d’Omar al-Aroub, que la rédaction des Observateurs a pu consulter. Parmi ces témoignages, celui d’Ahmad Mansour, qui a connu Omar al-Aroub en 2008 à l’université d’Alep. Il vit aujourd’hui en exil.

 

En 2008, Omar al-Aroub était un responsable à l’Union nationale des étudiants, un organisme à la solde du pouvoir. J’étais à l’époque chef du corps administratif de la Faculté de médecine dentaire de l’université d’Alep.

Après une conférence générale de l’Union nationale des étudiants à Damas en 2010, Omar al-Aroub a été élu membre du bureau exécutif de l’Union, présidé alors par Ammar Saati. De ce lien naissent les relations privilégiées qu’il entretenait avec le gouvernement, les services de renseignement et les chefs de file du parti. Selon ses dires, il connaissait Maher al-Assad personnellement [frère de Bachar al-Assad, NDLR].

En 2011, quand les révolutions ont commencé en Tunisie et ailleurs, Omar al-Aroub a engagé des étudiants volontaires pour réprimer les manifestations. Ils portaient souvent des matraques. En mars 2011, Omar a même distribué des armes individuelles (pistolets) aux étudiants et aux corps administratifs quand ils allaient aux mosquées [lieux de rassemblements contre le régime, NDLR].

Lors d’une réunion de la direction de l’université tenue le même mois, Omar al-Aroub a demandé aux participants de l’informer de tout ce qui se passait dans la cité universitaire et de réprimer tout rassemblement. Il a même demandé aux responsables des logements des étudiantes de jeter toutes les étudiantes opposées au régime depuis la fenêtre du quatrième étage.

 

Des étudiants et des étudiantes ont effectivement été défenestrés dans la répression des manifestations en 2011.

 

Le site du Comité olympique syrien confirme les appartenances d’Al-Aroub à l’Union des étudiants et aux Brigades du Baas.

 

Une autre photo, dont la visibilité est restreinte sur Facebook, a été transmise à la rédaction des Observateurs de France 24. Elle montre Al-Aroub avec un groupe de la milice des Brigades du Baas dans la campagne de Hama, en avril 2017.

 

Une capture d’écran transmise à la rédaction montrant une photo publiée en avril 2017 par un ancien proche d'Omar al-Aroub. On y voit ce dernier en uniforme des Brigades du Baas dans la campagne de la ville de Hama.

Une capture d’écran transmise à la rédaction montrant une photo publiée en avril 2017 par un ancien proche d’Omar al-Aroub. On y voit ce dernier en uniforme des Brigades du Baas dans la campagne de la ville de Hama. © Les Observateurs de France 24

 

Selon l’opposant syrien exilé en France Firas Kontar, sa nomination au Comité national est une “récompense” en raison de sa proximité avec Bachar al-Assad.

 

En 2011, les manifestants à l’université d’Alep avaient été violemment réprimés par peur que la protestation ne se propage à l’ensemble de la deuxième plus grande ville du pays et capitale économique.

 

Le Comité d’organisation des Jeux olympiques et la ville de Paris ont confirmé avoir reçu nos questions, nous publierons leur réponse si elle nous parvient.

 

 

 

 

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