Hassan Nasrallah, le secrétaire général du Hezbollah libanais, est une figure emblématique et controversée dans la politique régionale et internationale. Depuis sa prise de pouvoir en 1992, il a métamorphosé le Hezbollah en une force incontournable, usant de la rhétorique de la « résistance » contre Israël pour justifier des actions qui vont bien au-delà de ce rôle. Son ascension au pouvoir n’a pas seulement été marquée par son discours sur la libération nationale, mais aussi par un jeu politique interne et une recherche de domination au Liban.
De Chef de Résistance à Leader Politique
Nasrallah a pris la tête du Hezbollah après la mort de son prédécesseur, Abbas al-Moussawi, en 1992, lors d’une frappe israélienne. Sous sa direction, le Hezbollah a élargi son influence en tant que groupe militant et acteur politique au Liban. Le Hezbollah s’est alors imposé comme une puissance au Liban, cherchant à monopoliser les décisions politiques au sein de la communauté chiite et à s’impliquer activement dans les affaires intérieures du pays.
Le Conflit avec le Mouvement Amal
Au sein même de la communauté chiite, Nasrallah a dû faire face à des tensions avec le Mouvement Amal, un autre groupe chiite puissant. Bien que les deux partis aient collaboré à certaines occasions, les années 1980 ont vu un affrontement militaire direct entre les deux factions dans ce qu’on a appelé la “Guerre des Frères” pour le contrôle du sud du Liban. Le conflit s’est intensifié pendant la guerre civile libanaise et les deux mouvements se sont finalement réconciliés, mais des rivalités politiques sous-jacentes ont perduré, le Hezbollah cherchant constamment à affirmer sa domination.
Le Système d’Armes et la Domination Politique
L’un des outils principaux que Nasrallah utilise pour renforcer le Hezbollah est l’arsenal militaire du groupe. Bien qu’il justifie son existence par la défense contre Israël, le Hezbollah a également utilisé son pouvoir militaire pour dominer la politique libanaise. Le 7 mai 2008, par exemple, le Hezbollah a pris d’assaut Beyrouth pour imposer ses conditions au gouvernement libanais, ce qui a exacerbé la division sectaire et renforcé le sentiment de crise politique dans le pays.
L’Impliqué dans le Conflit Syrien
Au-delà des frontières libanaises, le rôle de Nasrallah dans le conflit syrien a renforcé son influence au sein du Hezbollah, mais a également terni son image. En 2013, le Hezbollah a envoyé ses combattants pour soutenir le régime de Bachar al-Assad, participant à des batailles sanglantes telles que le siège de la ville de Qousseir. Ce soutien militaire a non seulement alimenté la guerre civile en Syrie, mais a aussi conduit à des accusations de nettoyage ethnique et de violations des droits de l’homme, entachant ainsi davantage la réputation du groupe.
Des Accusations de Crimes et d’Attentats
Le Hezbollah et Nasrallah ont été liés à plusieurs incidents violents, tant au Liban qu’à l’international. Parmi les faits les plus notables, on retrouve l’assassinat du Premier ministre libanais Rafic Hariri en 2005, pour lequel des membres du Hezbollah ont été accusés. Le groupe a également été impliqué dans des attaques terroristes, comme les attentats de 1994 à Buenos Aires, où un centre juif a été attaqué, et des activités de trafic de drogue pour financer ses opérations.
Un Leadership Contesté et l’Avenir du Hezbollah
La politique du Hezbollah, dirigée par Nasrallah, a aussi été marquée par son refus de désarmer, malgré les pressions internes et externes. Cela a conduit à une situation où l’État libanais perd progressivement son autorité au profit d’une “Etat dans l’État”, avec le Hezbollah exerçant une influence majeure sur la scène politique et militaire du pays. Le Liban est ainsi devenu un terrain de jeu pour des puissances étrangères, et de nombreux analystes estiment que la présence du Hezbollah a contribué à l’isolement du pays sur la scène internationale.
Vers la Fin du Règne de Nasrallah
Face aux défis économiques croissants et à l’érosion de la base populaire du Hezbollah, notamment à cause de la crise économique sévère que traverse le Liban et de l’implication du groupe dans des guerres étrangères, la question de l’avenir de Nasrallah et du Hezbollah devient centrale. Une disparition de Nasrallah, en particulier dans un contexte de guerre ou d’attaque ciblée, pourrait entraîner une fragilité au sein du groupe, exacerbée par des tensions internes et la perte de son leadership charismatique. Si le Hezbollah perd son soutien populaire au Liban, il pourrait se retrouver à court de ressources et de soutien international, ce qui pourrait le faire vaciller.
En fin de compte, Hassan Nasrallah incarne un paradoxal mélange de résistance et de domination, et son héritage est marqué par une quête incessante de pouvoir au détriment de la souveraineté libanaise. Le futur du Hezbollah semble incertain, et la situation au Liban pourrait bien en dépendre.
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Morhaf mino