Rapport sur l’accumulation de richesse et l’exploitation par Asma al-Assad en Syrie

Ce rapport détaille les mécanismes systémiques de corruption, d’exploitation et d’enrichissement personnel mis en place par Asma al-Assad, épouse de l’ancien président syrien Bachar al-Assad. Loin de l’image de réformatrice et de figure humanitaire qu’elle a tenté de projeter sur la scène internationale, Asma al-Assad est accusée d’avoir orchestré un vaste réseau visant à détourner les ressources économiques et humanitaires de la Syrie pour son profit personnel et celui du régime. Ce système, qui s’est intensifié après le début de la révolution syrienne en 2011, a transformé l’aide humanitaire en une arme politique et une source de revenus illicites, aggravant la souffrance d’un peuple déjà dévasté par la guerre.

1. La construction d’une image publique trompeuse

Dès son arrivée au pouvoir en tant que Première dame, Asma al-Assad a investi massivement dans la construction d’une image publique positive. Née et éduquée à Londres, son profil occidental et son discours moderne étaient destinés à présenter une facette réformatrice du régime syrien.

*Relations publiques internationales :** Elle a engagé des firmes de relations publiques de renommée mondiale, comme la société britannique **Bell Pottinger**, pour gérer sa réputation et la promouvoir à l’international.

*Couverture médiatique élogieuse :** Cette stratégie a culminé avec un article tristement célèbre du magazine **Vogue** en mars 2011, intitulé “Une rose dans le désert”, qui la décrivait comme une figure “glamour, jeune et très chic”. Cet article, publié au moment même où la répression sanglante des manifestations pro-démocratie commençait, a été vivement critiqué et retiré par la suite.

Cette image s’est effondrée lorsque Asma al-Assad a choisi de soutenir sans réserve la répression brutale menée par son mari, refusant les offres d’exil sécurisé au Royaume-Uni pour elle et ses enfants.

2. Le “Syria Trust for Development” : un empire économique sous couvert humanitaire

L’instrument central de la stratégie d’enrichissement d’Asma al-Assad était l’organisation “The Syria Trust for Development” (L’Amanah syrienne pour le développement).

*Origines et expansion :** Fondée en 2001 sous le nom de “Fonds syrien pour le développement rural”, l’organisation a été élargie en 2007 pour devenir une entité tentaculaire. Elle a progressivement absorbé des centaines d’initiatives de la société civile, empêchant l’émergence de toute organisation indépendante.

*Monopole sur l’aide internationale :** En collaboration avec le Croissant-Rouge arabe syrien (SARC), le Trust est devenu un passage obligé pour toute aide humanitaire entrant dans le pays. Cette position de monopole a permis au régime de contrôler et de détourner une part substantielle des fonds onusiens et internationaux, estimés à des centaines de millions de dollars.

*Projets à but lucratif :** Sous le prétexte de la reconstruction et du développement, des filiales du Trust, comme l’entreprise de construction “Diyari”, ont obtenu des contrats financés par l’ONU, dont les bénéfices revenaient directement à Asma al-Assad. Un exemple cité est un contrat de 400 000 dollars pour la réhabilitation de centres d’hébergement. De même, des programmes de microcrédits, présentés comme une aide aux plus démunis, se sont transformés en entreprises lucratives avec des taux d’intérêt élevés, exploitant la vulnérabilité des populations affectées par la guerre.

3. Extorsion et mise au pas de l’élite économique

Un autre pilier du système était l’extorsion des élites économiques syriennes. Par l’intermédiaire des services de sécurité, les hommes d’affaires étaient contraints de verser des “dons” annuels, allant de 200 000 à plusieurs millions de dollars, en échange de la protection de leurs activités et en signe de loyauté au palais présidentiel. Cette pratique a créé une économie de type mafieux, entièrement soumise au pouvoir du clan Assad.

4. L’instrumentalisation des catastrophes et la politisation de l’aide

Les tragédies nationales ont été systématiquement transformées en opportunités financières.

*Séisme de février 2023 :** Une grande partie de l’aide internationale envoyée après le séisme dévastateur a été stockée, détournée ou distribuée au profit des loyalistes du régime, tandis que les zones les plus touchées en étaient privées.

*Incendies sur la côte syrienne :** Près de trois millions de dollars ont été collectés via des dons pour les victimes des incendies. Cependant, les compensations versées aux agriculteurs étaient dérisoires (par exemple, l’équivalent de quelques dollars pour une vache).

*Distribution discriminatoire :** La distribution de l’aide était entièrement conditionnée par le critère de la loyauté politique. Les zones pro-régime étaient favorisées, tandis que les régions de l’opposition étaient délibérément affamées. Les familles ayant des membres détenus ou recherchés par le régime étaient systématiquement exclues des listes de bénéficiaires.

5. Une fortune colossale et l’évasion vers la Russie

Selon les estimations citées dans l’article, la fortune accumulée par la famille Assad jusqu’à la fin de 2024 s’élèverait à 120 milliards de dollars, incluant 200 tonnes d’or et de nombreux biens immobiliers de luxe à travers le monde. D’autres estimations, plus prudentes, comme celle du Département d’État américain, placent la fortune de la famille entre 1 et 2 milliards de dollars, tout en reconnaissant que ce chiffre est probablement une sous-estimation en raison de l’utilisation de sociétés-écrans et de prête-noms.

Des centaines de millions de dollars auraient été transférés en espèces vers la Russie pour échapper aux sanctions internationales. Asma al-Assad a utilisé un réseau complexe de sociétés fictives et d’intermédiaires pour dissimuler ces actifs, ce qui lui a permis de ne pas être visée par les sanctions américaines jusqu’en 2020. Les preuves de son style de vie extravagant, découvertes après sa fuite à Moscou, contrastent fortement avec l’image de simplicité qu’elle avait cultivée.

Conclusion

Le parcours d’Asma al-Assad illustre un cas d’école de “kleptocratie humanitaire”, où les mécanismes d’aide et de développement sont pervertis pour servir l’enrichissement d’une élite dirigeante corrompue. En construisant une façade respectable, elle a réussi à tromper une partie de la communauté internationale tout en mettant en place un système de pillage systématique des ressources du pays. Alors que le peuple syrien sombrait dans la pauvreté et la misère, avec des millions de déplacés, la famille Assad consolidait sa fortune.

La fuite du clan Assad en Russie soulève des questions cruciales sur la justice et la responsabilité. Elle met en lumière l’incapacité des mécanismes internationaux actuels à poursuivre efficacement les responsables de tels crimes économiques et à récupérer les avoirs volés. Ce cas démontre la nécessité impérative d’une vigilance et d’une réforme accrues pour garantir que l’aide humanitaire serve exclusivement les populations dans le besoin et ne devienne pas un outil au service des régimes autoritaires.

Que souhaiteriez-vous faire ensuite ? Nous pourrions :

1. Rechercher des informations sur les sanctions spécifiques imposées à Asma al-Assad et à ses entités.

2. Explorer les efforts internationaux actuels pour traquer et récupérer les avoirs syriens détournés.

3. Analyser le rôle d’autres figures du régime dans ce système de corruption.

Source principale : Article de Fadel Abdul Ghany, directeur du Réseau Syrien des Droits de l’Homme (SNHR), publié par “Al-Araby Al-Jadeed”.

؟

؟

Traduction et adaptation vers le français par Marhaf Mino.

مقالات ذات صلة

اترك تعليقاً

لن يتم نشر عنوان بريدك الإلكتروني. الحقول الإلزامية مشار إليها بـ *

زر الذهاب إلى الأعلى