
Exécution du journaliste saoudien Turki Al-Jasser après sept ans de détention arbitraire
Le ministère de l’Intérieur saoudien a annoncé l’exécution du journaliste Turki Al-Jasser, détenu arbitrairement depuis sept ans.
L’annonce a suscité une vive condamnation de la part des organisations de défense des droits humains, notamment Reporters sans frontières (RSF), qui a dénoncé un « tournant terrifiant » dans la répression de la liberté d’expression en Arabie saoudite.
Âgé d’une quarantaine d’années, Turki Al-Jasser devient le premier journaliste exécuté par décision judiciaire dans le royaume depuis l’arrivée au pouvoir du prince héritier Mohammed ben Salmane, et le deuxième journaliste exécuté dans le monde depuis 2020, selon les données de RSF.
Arrêté le 15 mars 2018 à son domicile à Riyad, Al-Jasser avait vu ses appareils électroniques confisqués avant d’être transféré au centre de détention de haute sécurité d’Al-Ha’ir. Les conditions de sa détention ont été qualifiées de « cruelles et opaques », plusieurs rumeurs évoquant même sa possible mort sous la torture dès novembre 2018.
Les autorités l’avaient accusé de crimes liés au terrorisme et à la trahison, des chefs d’inculpation jugés fallacieux par RSF, qui indique que ces accusations étaient motivées par des publications critiques diffusées en ligne.
Il aurait notamment été soupçonné d’administrer le compte Twitter « Kashkool », connu pour dénoncer la corruption et les violations des droits de l’homme impliquant des membres de la famille royale.
« L’exécution de Turki Al-Jasser marque une nouvelle étape glaçante dans la répression saoudienne contre la liberté de la presse », a déclaré Anne Bocandé, directrice éditoriale de RSF. « Ce meurtre d’État rappelle l’assassinat de Jamal Khashoggi et doit inciter les partenaires internationaux de Riyad à réagir fermement, y compris par des sanctions. »
Selon Amnesty International, au moins 88 exécutions ont eu lieu en Arabie saoudite depuis le début de l’année 2025, faisant du pays le troisième au monde en matière de recours à la peine de mort, après la Chine et l’Iran.
RSF indique par ailleurs que 19 journalistes sont actuellement emprisonnés dans le royaume, qui se classe à la 162e place sur 180 dans le classement mondial de la liberté de la presse.
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Reporters sans frontières – morhaf mino



