
Restreindre l’accès aux toilettes à l’école pour éviter les dégradations, une fausse bonne idée ?
La question de l’état déplorable des toilettes dans les établissements scolaires français refait surface. Des reportages récents révèlent que de nombreuses écoles choisissent de restreindre l’accès, voire de condamner une partie de leurs sanitaires pour éviter les dégradations, créant ainsi une crise sanitaire et psychologique quotidienne pour les élèves.
Trois ans après que le ministère de l’Éducation nationale a constaté une « explosion » des dégradations et émis une série de préconisations, la situation semble ne pas s’être améliorée, et s’aggrave même dans de nombreux collèges et lycées.
Une souffrance quotidienne pour les élèves
Le journal Le Parisien rapporte le témoignage de Lisa (prénom modifié), une élève de première qui décrit son expérience quotidienne comme une « envie pressante et stressante ». Dans son lycée de la banlieue parisienne, qui accueille 1 900 élèves, il n’y a que quatre cabines de toilettes pour les filles, dont une réservée aux personnes en situation de handicap.
« On se retrouve souvent à faire la queue pour accéder à des toilettes taguées et mal entretenues, sans parler de l’absence de papier toilette », déplore l’adolescente.
Le problème ne s’arrête pas là : l’accès même aux sanitaires est devenu un défi. Dans le lycée de Lisa, les toilettes situées à l’intérieur du bâtiment principal ont été condamnées, obligeant les élèves à descendre dans la cour pour utiliser celles qui restent ouvertes. « Pendant les cinq minutes d’intercours, nous n’avons pas le temps d’y aller. Et pendant les cours, les professeurs refusent de nous laisser sortir, de crainte que certains élèves ne déclenchent délibérément les alarmes », explique-t-elle.
Des conséquences sanitaires et psychologiques graves
Ces conditions forcent de nombreux élèves, en particulier les jeunes filles pendant leurs règles, à « se retenir » toute la journée. Les médecins alertent sur les conséquences graves de ce comportement, telles que les infections urinaires et les problèmes de constipation chronique.
Les experts soulignent que ce problème dépasse la simple question d’hygiène et affecte le sentiment de dignité et de bien-être des élèves dans leur environnement scolaire, pouvant entraîner stress, anxiété, et même absentéisme.
Alors que certaines administrations scolaires justifient ces mesures comme étant nécessaires pour prévenir le vandalisme, les parents d’élèves et les experts estiment que restreindre l’accès à un besoin aussi fondamental est une « fausse bonne idée ». Ils y voient une punition collective qui ne résout rien et qui, au contraire, crée des problèmes de santé et psychologiques plus profonds, appelant le ministère à trouver des solutions radicales pour garantir un environnement scolaire sûr et sain pour tous.



