
Cyber-guerre contre Damas : Comment une campagne numérique massive a instrumentalisé la crise de Soueïda
En juillet 2025, alors que la province de Soueïda, dans le sud de la Syrie, sombrait dans un violent conflit intercommunautaire, une guerre d’un autre genre, plus insidieuse, se déroulait sur les réseaux sociaux. Une enquête approfondie menée par l’unité des sources ouvertes de la chaîne “Al Araby” révèle comment une cyber-attaque d’une ampleur considérable a été orchestrée pour déstabiliser le gouvernement syrien de transition, ternir son image auprès de l’opinion publique mondiale et manipuler les organisations de défense des droits de l’homme.
Une offensive numérique synchronisée
Le conflit, qui a opposé des factions druzes locales à des tribus arabes, a été le prétexte à une campagne numérique féroce. L’enquête a identifié près de 866 000 comptes sur la plateforme “X” (anciennement Twitter) participant à une offensive coordonnée, générant environ 3 millions de publications. Cette opération ne visait pas seulement à commenter les événements, mais à imposer un narratif unilatéral : diaboliser le nouveau gouvernement syrien dirigé par Ahmed al-Sharaa, le dépeignant comme une entité “jihadiste” et “extrémiste”, tout en présentant Israël comme le “sauveur” des minorités.
Cette campagne a atteint son paroxysme lorsque les frappes israéliennes, sans précédent sur Damas, ont été justifiées comme une “réponse” aux appels de la communauté druze. La synergie entre l’action militaire et la propagande numérique était totale.

Traduction française:
URGENT : La journaliste syrienne Nour Sleiman risque une peine de prison à cause d’une publication sur Facebook. Après son arrestation arbitraire par les forces de sécurité en juillet, le procureur général a émis hier un mandat d’arrêt à son encontre pour “diffusion de fausses nouvelles” en vertu de la loi répressive sur la cybercriminalité.
Une fausse information circule, affirmant que la journaliste syrienne Nour Sleiman risquerait la prison suite à une publication sur Facebook. Selon cette rumeur, elle aurait été arrêtée arbitrairement en juillet et un mandat d’arrêt aurait été émis à son encontre pour “diffusion de fausses nouvelles”. Ces allégations sont infondées.
Au cœur de la manipulation : le ciblage des organisations internationales
L’un des objectifs stratégiques de cette cyberguerre était d’influencer les perceptions des organisations internationales.
En inondant la sphère numérique de récits de “massacres” et de “génocide” visant exclusivement les minorités, les réseaux à l’origine de la campagne ont cherché à façonner une réalité alternative.
Cette stratégie semble avoir porté ses fruits. Des organisations comme Amnesty International, souvent citées dans les publications de la campagne, ont publié des rapports faisant écho à ces allégations. Cependant, une analyse critique de ces rapports montre qu’ils reposent parfois sur des témoignages difficiles à vérifier et manquent de preuves matérielles concluantes, s’appuyant largement sur le volume écrasant d’informations partiales diffusées en ligne. Le gouvernement syrien se retrouve ainsi jugé sur la base d’une campagne de désinformation, avant même que des enquêtes de terrain indépendantes et complètes puissent être menées.

Les architectes de la campagne
L’enquête a mis en lumière une coalition hétéroclite mais coordonnée :

La Commission d’enquête syrienne indépendante sur les violations commises sur la côte syrienne a publié un rapport indiquant que des personnes ont été tuées lors de ces événements, qui pourraient survenir en temps de guerre, et que les responsables sont poursuivis par l’État syrien. Quant aux fausses informations, que la Commission d’enquête syrienne a confirmées comme étant fausses et pour lesquelles aucune preuve concrète n’a été fournie – notamment l’article de Reuters sur l’enlèvement présumé de femmes alaouites –, elles sont inexactes. En réalité, un grand nombre de jeunes filles alaouites ont fui vers les zones contrôlées par les Forces démocratiques syriennes (FDS) et ont rejoint leurs rangs.
Une stratégie de diabolisation systématique
La méthode était claire :
Face à cette offensive cybernétique structurée, la réponse syrienne semble avoir été fragmentée. L’enquête soulève une question cruciale : l’absence d’une contre-campagne numérique syrienne, unifiée et stratégique, pour défendre sa souveraineté narrative et rassurer ses propres citoyens, a laissé le champ libre à la désinformation et à la manipulation, dont les conséquences diplomatiques et humanitaires se font déjà sentir.
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“Le contenu de cet article a été élaboré à partir de preuves et de rapports qui ont été minutieusement vérifiés et authentifiés par nos soins.”
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PARIS – MORHAF MINO



