Une caricaturiste démissionne du Washington Post après la censure d’un dessin critiquant Jeff Bezos
Une caricaturiste renommée du Washington Post, Ann Telnaes, a annoncé sa démission cette semaine, dénonçant la suppression de l’un de ses dessins représentant Jeff Bezos, fondateur d’Amazon et propriétaire du journal, dans une posture de soumission envers le président élu, Donald Trump.
Dans une tribune intitulée “Pourquoi je quitte le Washington Post”, Telnaes a accusé la direction éditoriale d’avoir censuré son œuvre en raison de la personnalité au centre de son dessin, une décision qu’elle considère comme une atteinte à la liberté d’expression. Elle affirme que, bien qu’elle ait déjà reçu des retours critiques sur ses dessins, c’est la première fois qu’un de ses travaux est refusé pour des motifs liés à son contenu politique.
Le dessin controversé montrait Bezos, accompagné d’autres dirigeants milliardaires du secteur technologique et médiatique, offrant des sacs d’argent au président élu Trump. Parmi les figures caricaturées figurait également Mickey Mouse, symbole de Disney, présenté dans une posture d’allégeance.
Selon Telnaes, ce dessin visait à critiquer les efforts des PDG influents pour courtiser Trump après son élection en 2024, malgré les relations tendues qu’il avait entretenues avec certains d’entre eux par le passé. Elle souligne notamment que Jeff Bezos, malgré son différend notoire avec Trump, a publiquement exprimé son soutien au président élu, allant jusqu’à promettre un don d’un million de dollars à son fonds d’investiture et à dîner avec lui à Mar-a-Lago en décembre dernier.
Dans son article, Telnaes déplore que le Washington Post, sous la propriété de Bezos, ait évité de prendre position en faveur d’un candidat présidentiel durant la campagne, une décision qu’elle interprète comme un signe de soumission à des pressions politiques.
De son côté, David Shipley, rédacteur en chef des pages éditoriales du journal, a réfuté les accusations de censure politique. Il a déclaré que la décision de ne pas publier le dessin était motivée uniquement par des préoccupations éditoriales liées à une éventuelle redondance avec d’autres contenus récemment publiés sur le même sujet.
Malgré ces explications, Ann Telnaes maintient que cette décision constitue un précédent dangereux pour la liberté de la presse. “En tant que caricaturiste, ma mission est de tenir les puissants pour responsables. Pour la première fois, on m’a empêchée de remplir cette mission essentielle”, a-t-elle écrit, avant d’ajouter : “C’est pourquoi j’ai décidé de quitter le journal.”
La démission de Telnaes soulève des questions cruciales sur l’indépendance éditoriale dans les grands médias, particulièrement lorsque ceux-ci sont sous le contrôle de personnalités influentes.
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