Vers un Nouveau Moyen-Orient : Déraciner l’Iran et démolir son projet

Par Morhaf Mino – paris

L’escalade continue au Moyen-Orient met en évidence une vérité indéniable : ce qui se passe actuellement dépasse le cadre d’un simple conflit nucléaire ou d’une rivalité régionale passagère. Nous assistons à un tournant historique majeur dans la région, qui ne se limite pas aux missiles et aux drones, mais vise le cœur même du conflit : un projet idéologique expansionniste instauré par Téhéran depuis plus de quarante ans, sous la bannière du « Wilayat al-Faqih » et les slogans de la révolution islamique.

La série d’attaques ayant visé des installations sensibles à l’intérieur de l’Iran – assassinats de scientifiques, explosions dans des sites militaires et nucléaires – ne sont pas de simples opérations sécuritaires ou militaires. Elles signalent un changement stratégique dans la perception régionale et internationale à l’égard de l’Iran.

Même s’il est prématuré de prétendre que le programme nucléaire iranien a été complètement détruit — une affirmation que rien ne confirme à ce stade — il est clair que le projet politique et doctrinal de l’Iran est désormais dans la ligne de mire.

Paradoxalement, ces frappes, qui pourraient ralentir temporairement l’enrichissement nucléaire, risquent de renforcer chez certains décideurs iraniens la conviction que l’arme nucléaire est le seul véritable moyen de dissuasion. Dans le contexte géopolitique actuel, cette option pourrait même leur sembler rationnelle, malgré ses conséquences dramatiques.

Mais la vraie question ne porte pas sur les capacités techniques de l’Iran, mais sur l’avenir de la région si ce projet théocratique expansionniste reste en place. Depuis 1979, la République islamique s’est transformée en centre d’exportation de crises, via un réseau de milices transfrontalières et un projet sectaire qui a infiltré le tissu social et politique de pays comme l’Irak, le Liban, la Syrie ou le Yémen. Aujourd’hui, l’objectif est clair : déraciner cette influence jusqu’à ses fondations.

Israël, fort de sa supériorité technologique et de ses capacités de renseignement, n’a plus de scrupules à afficher son objectif, surtout après avoir frappé le Hezbollah : réduire l’influence iranienne, voire l’éliminer totalement. Les récentes frappes, qu’elles soient menées par drones, missiles ou réseaux clandestins, révèlent l’ampleur de l’infiltration israélienne à l’intérieur même du territoire iranien, et laissent présager que ce qui se prépare en coulisses dépasse largement ce qui est visible.

En parallèle, l’intérieur iranien est en mutation. L’épuisement économique, la pression sociale et la colère populaire affaiblissent l’emprise des Gardiens de la Révolution et fragilisent la machine répressive.

Avec l’intensification des frappes et l’isolement international croissant, le régime pourrait se voir contraint à un repli intérieur, se concentrant sur la réparation des dégâts causés par ses propres politiques, au lieu de continuer à exporter ses crises.

L’idée de renverser le régime des mollahs n’est plus un simple rêve d’exilés ou un souhait de l’opposition en diaspora. C’est une éventualité concrète, nourrie par une dynamique interne puissante et un désir populaire de rompre avec les slogans creux pour retrouver les priorités essentielles : pain, dignité et vie décente.

Ce dont le Moyen-Orient a besoin aujourd’hui, ce n’est pas d’un nouveau régime qui reproduit les travers de l’ancien sous un autre nom, mais d’un ordre régional gouverné par la logique économique, non par l’idéologie ; par les échanges commerciaux, non par les clivages sectaires ; et où la voix revient aux peuples, non aux bourreaux.

Nous sommes saturés de guerres, de sang, de répression et d’humiliation. Il est temps d’imaginer un Moyen-Orient où l’on vit, et non où l’on meurt. Où l’on construit l’avenir, et non où on le brûle. Un nouveau Moyen-Orient sans mollahs ni guides suprêmes — mais avec des êtres humains aspirant à une vie digne de leur humanité.