Des documents récemment partagés par des Syriens révèlent l’implication d’éléments du régime déchu de Bachar al-Assad dans des opérations d’enlèvement d’enfants. Ces derniers auraient été placés dans des orphelinats après avoir vu leurs noms et identités modifiés.
Selon les informations rapportées par Al-Araby Al-Jadeed, ces crimes étaient supervisés par des services de sécurité de haut niveau, notamment les renseignements aériens, et réalisés en collaboration avec le ministère des Affaires sociales et du Travail.
Cette affaire relance la question du sort des enfants de la médecin syrienne Rania Al-Abbassi, disparus après leur arrestation au début de la révolution syrienne. Elle met également en lumière le mystère entourant le sort de centaines d’autres enfants portés disparus depuis 2011.
L’affaire Rania Al-Abbassi et l’implication présumée de l’organisation « SOS Villages d’Enfants »
Rania Al-Abbassi, championne syrienne d’échecs, a été arrêtée en mars 2013 à son domicile à Damas, avec son mari et leurs cinq enfants : Dima (14 ans), Intissar (11 ans), Najah (9 ans), Walaa (8 ans) et Lian (18 mois). Elle était accusée d’avoir fourni une aide humanitaire depuis la ville de Homs, alors en proie aux premières manifestations contre le régime.
Un an après leur arrestation, la famille a confirmé la mort du mari de Rania, dont la photo figurait dans les archives dites de « César », révélant les tortures infligées aux détenus par le régime syrien.
Plus tard, une vidéo promotionnelle publiée par l’organisation internationale « SOS Villages d’Enfants » montrait une fillette que le frère de Rania, Hassan Al-Abbassi, identifiait comme sa nièce. Cependant, l’organisation a nié ces allégations, affirmant que la fillette avait une famille proche qui la visitait.
Des accusations contre l’organisation « SOS Villages d’Enfants »
Hassan Al-Abbassi accuse l’organisation « SOS Villages d’Enfants », proche d’Asma Al-Assad, l’épouse du président syrien, d’avoir participé à la modification des identités des enfants et à leur dissimulation. Selon lui, l’organisation aurait collaboré avec les services de sécurité syriens pour intégrer ces enfants dans des orphelinats sans documents prouvant leur véritable identité.
Il demande l’ouverture d’une enquête sur les institutions comme « Dar Al-Aman » ou « Sayed Quraysh », soupçonnées d’avoir joué un rôle dans ces disparitions, et souligne que certains responsables de ces orphelinats étaient liés aux services de sécurité.
Des doutes sur les procédures d’enregistrement des enfants
Les rapports indiquent que de nombreux enfants envoyés dans ces orphelinats manquaient de documents d’identité. En 2019, « SOS Villages d’Enfants » aurait commencé à exiger des documents officiels pour chaque enfant admis, mais l’organisation affirme n’avoir trouvé aucune preuve que ces enfants étaient issus de familles de détenus.
Témoignages d’enfants ayant grandi dans ces institutions
Des témoignages d’enfants ayant grandi dans ces orphelinats révèlent des cas de changement forcé de noms. Ala Rajoub, par exemple, raconte avoir été arrêté à l’âge de sept ans avec son oncle, avant d’être transféré dans un orphelinat à Damas sous une nouvelle identité. Il a finalement dû fuir la Syrie pour éviter d’être enrôlé dans l’armée.
Les défenseurs des droits de l’homme appellent à une enquête internationale sur le sort des enfants disparus en Syrie, particulièrement ceux arrêtés avec leurs familles depuis 2011.
Ces militants soulignent l’importance de lever le voile sur les pratiques des institutions impliquées dans ces affaires, notamment « SOS Villages d’Enfants », et d’assurer que les familles puissent retrouver leurs enfants. L’ouverture de ces enquêtes est considérée comme essentielle pour résoudre ce drame humanitaire.
Observation et suivi
morhaf mino