Un bras de fer s’engage. Un préavis de grève reconductible a été déposé du vendredi 15 novembre au mardi 31 décembre 2024 par le syndicat CGT représentant les policiers municipaux de Rouen.
Interrogé par 76actu, Guillaume Larose, le secrétaire général adjoint de la CGT des agents territoriaux, promet « un blocage » dès le 15 novembre du poste de police municipale et assure que d’autres actions viendront si leurs revendications ne sont pas écoutées. Reste à savoir si le mouvement sera suivi du côté des agents.
Une hausse jugée insuffisante
Quelles revendications, justement ? Guillaume Larose, recontextualise. « Un décret de juin 2024 offre la possibilité à chaque collectivité de revaloriser le régime de la police municipale », indique-t-il. Et d’ajouter : « C’est une bonne chose, cela faisait plus de 10 ans qu’on n’avait pas pensé à la filière police municipale ».
« On demandait que la part fixe du régime indemnitaire passe de 20 à 30 % pour les policiers municipaux », poursuit le syndicaliste, la valeur de 30 % étant le maximum autorisé par le décret. Concrètement, cela représenterait une hausse de salaire mensuelle allant de 120 à 180 euros de salaire brut par mois.
Finalement, le 18 octobre dernier, le maire de Rouen tranche et retient un taux de 25 %, soit une hausse brute d’une centaine d’euros. « 25 %, c’est un compromis entre ce que les agents souhaitent et ce qui existe aujourd’hui », justifie Matthieu De Montchalin, adjoint aux affaires générales.
Des questions de budget
« La Ville de Rouen a été contrainte, par les mesures budgétaires imposées par l’État, de stopper certaines politiques », poursuit Matthieu De Montchalin.
Tant que nous ne voyons pas plus clair dans notre budget, les travaux seront gelés et cela concerne tous les agents de la Ville de Rouen. À la différence de l’Etat, on ne peut pas créer de déficit. On doit absolument équilibrer notre budget.
« Je veux croire que les policiers municipaux de Rouen sont conscients qu’ils font partie des deux seules catégories d’agents territoriaux qui ont bénéficié d’un coup de pouce, avec les personnels dans les crèches », souligne par ailleurs l’adjoint.
Et d’ajouter, estimant que la CGT est seule dans cette lutte : « Les autres syndicats se sont réjouis de cette mesure, même s’il y avait des regrets que cela ne concernait pas tous les agents ».
Chacun se renvoie la balle
Pour Guillaume Larose, la décision de la municipalité risque de générer une fuite en avant des agents. « Il y a un fort mécontentement de nos collègues policiers municipaux. On va manquer d’attractivité par rapport aux autres communes, qui elles, ont appliqué la hausse de la part fixe du régime indemnitaire à 30 % », rétorque le syndicaliste.
« Il y a des agents qui partent et des gens qui arrivent. Certains partent et reviennent parfois après. On ne constate pas une hémorragie dans nos effectifs de policiers municipaux. Il n’y a pas moins de policiers que l’année dernière », tempère de son côté l’adjoint.
Nous avons fait un effort particulier pour la police depuis un certain nombre de mois.
Enfin, les deux partis se renvoient la balle sur la question du dialogue. Guillaume Larose assure que la décision de la municipalité a été prise unilatéralement par le maire, sans concertation.
Côté Ville, Matthieu de Montchalin note que « nous avons proposé après le dépôt du préavis de grève une réunion avec l’organisation, le 6 novembre. La CGT a refusé ». Et de conclure : « Ma porte reste ouverte. »