À la barre, l’accusé peinait à mettre des mots sur les actes d’une extrême gravité, pour lesquels il était jugé par le tribunal de Rouen (Seine-Maritime). Lundi 25 novembre 2024, un homme de 53 ans a été condamné pour des agressions commises sur deux de ses petites-nièces.
Célibataire sans enfant, vivant chez sa mère, n’ayant jamais eu affaire à la justice, le grand-oncle était un homme apprécié dans sa famille, pour sa gentillesse, son caractère serviable… La maman des fillettes n’hésitait pas à lui en confier la garde en cas de besoin. Voilà pour le versant présentable de l’homme.
Des caresses sur le sexe, les fesses et la poitrine
Mais derrière, une face beaucoup plus sombre l’animait : à plusieurs reprises entre 2019 et 2022, il a commis des attouchements à caractère sexuel sur les deux fillettes de la famille, composée de cinq frères et sœurs. Des caresses incestueuses répétées sur le sexe, les fesses et la poitrine des petites filles âgées de 9 et 11 ans quand les actes ont démarré.
- Ces actes terribles ont été commis à leur domicile, mais aussi au cours d’une croisière sur la Méditerranée, où le grand-oncle avait emmené l’une des fillettes, partageant le même lit. Les deux sœurs sont sidérées et ne comprennent pas ce qu’il leur arrive, jusqu’à ce que l’une d’elles dise un jour à sa maman : « Tonton il a fait un truc pas bien sur moi et ma sœur. »
Dans la famille c’est le choc. Dans un premier temps, le grand-oncle est dans le déni, évoquant au cours de l’enquête « des jeux et des chatouilles » avec les fillettes, avant de finalement reconnaître les faits. Mais les mots pour s’en expliquer sont rares. « J’ai eu un déclic, dit-il. J’ai moi-même subi des violences sexuelles de la part d’un éducateur entre mes 10 et 14 ans. »
Usage de la contrainte
Et quand le président l’interroge, il dit que les jeunes victimes « se laissaient faire ». « Comment croire qu’à leur âge elles pouvaient consentir, s’est alors exclamé le président. Et ces faits sont totalement interdits, il ne s’agit même pas de consentement. »
D’autant plus que l’enquête montre qu’au moment des faits l’accusé usait de la contrainte envers les fillettes pour commettre les agressions.
« Ils les maintenaient pendant qu’il faisait ces gestes destructeurs, a souligné de son côté l’avocate des parties civiles. Voilà ce qu’ont subi ces petites, et voilà aussi le courage qu’elles ont eu de parler. Mais chez elles nous sommes sur des préjudices en germe, sur des conséquences à venir, dont on ne sait pas comment elles se manifesteront. »
- Du côté de la défense, l’avocate a mis en avant le passé lui-même douloureux de son client, un homme qui dit-elle « n’est plus dans le déni » et « qui veut s’excuser », et qui surtout a besoin de soins adaptés pour « déconstruire ses actes ».
Trois ans de prison avec sursis
Au final, suivant en cela les réquisitions du ministère public, le tribunal a condamné l’accusé à trois ans de prison intégralement assortis d’un sursis probatoire de trois ans, à l’obligation de soins psychologiques, à l’interdiction d’entrer en contact avec des personnes mineures, ainsi qu’à l’inscription de son nom au fichier des auteurs d’infractions sexuelles ou violentes (Fijais).
Il devra par ailleurs verser des indemnités, d’un montant de 1 500 euros pour la mère et de 4 000 euros à chaque fillette.