Lors d’un échange, Emmanuel Macron et Olaf Scholz « se sont accordés à dire qu’ils étaient prêts à coopérer avec les nouveaux dirigeants [syriens], sur la base des droits de l’homme fondamentaux et de la protection des minorités ethniques et religieuses », a déclaré la chancellerie allemande.
Des dizaines de corps torturés découverts par les rebelles dans un hôpital près de Damas
Des rebelles syriens ont déclaré avoir trouvé, lundi, des corps entassés dans des sacs mortuaires, portant des traces de torture, dans la morgue d’un hôpital près de Damas.
« J’ai ouvert la porte de la morgue, c’était un spectacle horrible : une quarantaine de corps étaient empilés, montrant des signes de tortures effroyables », a décrit, auprès de l’Agence France-Presse (AFP), Mohammed Al-Hajj, un combattant des factions rebelles du sud du pays, joint par téléphone depuis Damas.
L’AFP a pu voir des dizaines de photographies et de séquences vidéo que M. Hajj dit avoir prises lui-même et qui montrent des cadavres présentant des signes évidents de torture : yeux et dents arrachés, éclaboussures de sang et ecchymoses. Les images prises à l’hôpital de Harasta ont également montré un morceau de tissu contenant des os, tandis que la cage thoracique d’un corps en décomposition apparaissait à travers la peau.
Les corps ont été placés dans des sacs en plastique blancs ou enveloppés dans des tissus blancs, certains tachés de sang, sur lesquels étaient inscrits des numéros et parfois des noms. Plusieurs d’entre eux semblent avoir été tués récemment.
جثامين لمعتقلي سجن صيدنايا في مستشفى حرستا pic.twitter.com/0zCXh7q17c
— قتيبة ياسين (@k7ybnd99) December 9, 2024
Au cœur du système de gouvernement que Bachar Al-Assad a hérité de son père se trouvait un complexe de prisons et de centres de détention utilisés pour éliminer la dissidence, en emprisonnant les personnes soupçonnées de s’écarter de la ligne du parti Baas au pouvoir.
Des milliers de personnes espérant retrouver des proches disparus dans les geôles du régime Assad se sont rassemblées, lundi soir, dans la tristement célèbre prison de Saydnaya, près de Damas, ont constaté des correspondants de l’AFP.
Mohammed Al-Hajj a déclaré que les combattants rebelles avaient été prévenus par un employé de l’hôpital de la présence de cadavres à cet endroit. « Nous avons informé le commandement militaire de ce que nous avons trouvé et nous avons coordonné notre action avec celle du Croissant-Rouge arabe syrien, qui a transporté les corps vers un hôpital de Damas, afin que les familles puissent venir les identifier », a-t-il ajouté.
Diab Serriya, cofondateur de l’Association des détenus et des disparus de la prison de Saydnaya, a déclaré à l’AFP que les corps étaient probablement ceux de détenus de la prison.
« Surpris par les événements », le Conseil de sécurité de l’ONU dans l’attente
Après une réunion organisée à huis clos, lundi, le Conseil de sécurité de l’ONU reste prudent avant de s’exprimer officiellement sur la situation en Syrie, après la chute de Bachar Al-Assad.
« Le Conseil, je pense, était plus ou moins d’accord sur la nécessité de préserver l’intégrité territoriale et l’unité de la Syrie, d’assurer la protection des civils, d’assurer l’accès de l’aide humanitaire », a déclaré, à la presse, l’ambassadeur russe, Vassili Nebenzia, après cette réunion sollicitée par Moscou. « Mais tout le monde a été pris de court par les événements. Tout le monde, y compris les membres du Conseil. Alors, nous devons attendre » de voir comment la situation va évoluer, a-t-il ajouté, assurant que, dans ce contexte, le Conseil n’était pas prêt à s’exprimer.
« Personne ne s’attendait à ce que les forces syriennes tombent comme un château de cartes », a renchéri l’ambassadeur américain adjoint Robert Wood. « Comme beaucoup l’ont dit pendant les consultations (…) la situation est extrêmement fragile et va probablement évoluer au jour le jour. Nous devons donc voir comment cela va évoluer », a-t-il ajouté.
Malgré tout, « presque tout le monde a évoqué la nécessité que la souveraineté, l’intégrité territoriale, l’indépendance de la Syrie soient respectées, et montré de l’inquiétude concernant la situation humanitaire », a-t-il noté, précisant que le Conseil allait travailler sur une déclaration commune pour « parler d’une seule voix ». « Nous allons voir si nous parvenons à un message conjoint dans les prochains jours (…). Il y a une attente de prise de parole du Conseil », a-t-il insisté.
Depuis 2001, début de la guerre civile en Syrie, le Conseil a été paralysé sur le dossier syrien, la Russie utilisant régulièrement son droit de veto pour protéger le régime de Bachar Al-Assad.
Interrogés, par ailleurs, sur l’éventualité de retirer de la liste des sanctions de l’ONU le groupe islamiste radical Hayat Tahrir Al-Cham, qui a mené la coalition rebelle provoquant la chute du régime, les ambassadeurs russe et américain ont dit que le Conseil n’avait pas abordé cette question pour l’instant.
Le Hezbollah condamne les frappes israéliennes en Syrie
Le Hezbollah a condamné, lundi, l’intensification des raids aériens israéliens en Syrie dans son premier commentaire depuis que les rebelles islamistes ont renversé le président Bachar Al-Assad, allié du mouvement libanais.
Dans un communiqué, l’organisation pro-iranienne reproche à Israël « d’occuper davantage de territoires sur le plateau du Golan » et de « frapper et détruire les capacités défensives de l’Etat syrien ».
« Nous soutenons la Syrie et son peuple, et soulignons la nécessité de préserver l’unité de ce pays », ajoute le Hezbollah.
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